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Un peu d'histoire

Ancrée dans le paysage Bordelais, la Base sous-marine construite par les allemands est l’une de cinq structures réalisées en France au cours de la Seconde Guerre mondiale (Brest, Lorient, Saint-Nazaire et La Rochelle). Ce gigantesque bunker, organisé en onze alvéoles, occupe aujourd’hui une place incontournable dans le paysage culturel bordelais.

Seconde Guerre mondiale : Bordeaux, ville occupée

Le 25 juillet 1940, l’Allemagne et l’Italie décident de construire ensemble une base sous-marine commune pour accueillir leur flotte.
La construction de la nouvelle base débute en septembre 1941. Le chantier est placé sous la responsabilité de l’Oberbauleitung Bordeaux dirigée par Andreas Wagner. Près de 6500 ouvriers – volontaires, contractuels ou forcés – français et étrangers (Espagnols, Belges, Italiens...) travaillent à l’édification de cette base capable d’accueillir 15 grands sous-marins. En 2012, un mémorial a été érigé en hommage à ceux qui ont pris part à la construction du bâtiment. Achevé seulement 1 an et demi plus tard, le U-Bunker de Bordeaux a une longueur de 235 mètres, une largeur approchant les 160 mètres et une hauteur moyenne de 19 mètres pour une superficie de plus de 41 000 m². Il abrite des centrales électriques et thermiques, une zone technique, des bureaux, des magasins et ateliers. Le volume total du béton utilisé s’élève à près de 600 000 m3.

Les quatre premières alvéoles, les plus imposantes, uniquement utilisables à flot, peuvent chacune accueillir deux sous-marins. Les alvéoles de 5 à 8, de surface inférieure, sont utilisables en tant que cales sèches nécessaires pour l’accueil d’un sous-marin devant subir d’importants travaux. Enfin, les trois dernières alvéoles sont situées en retrait par rapport aux huit précédentes sont de plus faibles dimensions. Au total, 15 sous-marins pouvaient trouver refuge à l’intérieur de la base pour des travaux d’entretien et de réparation. Jusqu’en août 1944, plus de 40 sous-marins y font escale ou relâchent. Dans l’enceinte de la base, plusieurs groupes de résistants s’organisent et informent les « guérilleros » (groupes de résistants d’origine espagnole) de tout ce qui se passe sur le chantier et des mouvements des sous-marins allemands.
Cet ensemble militaire est à de nombreuses reprises la cible des bombardements alliés, dégradant faiblement le bâtiment. En dépit des nombreuses tentatives des armées de Libération, la robustesse de la structure n’a jamais pu être ébranlée.
Le 28 août 1944, la ville de Bordeaux et son port sont évacués par les Allemands.

L’Après-guerre : un lieu artistique

À la Libération, l’écluse couverte et la soute à torpilles sont détruites, mais la structure principale de la base est conservée. En 1945, la base est confiée, par la Marine Nationale, au Port Autonome de Bordeaux. Les grands coûts d’entretien et de gestion freinent la réhabilitation du lieu par le Port Autonome de Bordeaux. Entre 1960 et 1990, des entreprises occupent partiellement les cellules, dont les Ateliers métallurgiques de la base.
Parallèlement, le lieu attire et interpelle les artistes qui ne tardent pas à investir cet imposant vestige. Certaines expérimentations, à savoir le tournage de la scène finale du long-métrage Le Coup de Grâce de Jean Cayrol en 1965, les représentations du festival Sigma en 1978, les installations du plasticien Sarkis en 1980 et le tournage d’un épisode de la série Highlander en 1996, annoncent la future vocation culturelle du lieu.
Suite au déclassement des bassins à flot par le Port autonome de Bordeaux en 1982, le U-Boot-Bunker s’inscrit désormais au sein d’une immense friche industrielle, portuaire et militaire. Le public attendra jusqu’à l’été 1993 pour visiter la base, alors transformée en Conservatoire international de la plaisance jusqu’en 1997.

En 1998, d’importants travaux sont effectués permettant à la base de répondre aux nouvelles normes de sécurité. La Base sous-marine devient un équipement culturel piloté par la direction générale des affaires culturelles de la Ville de Bordeaux. Un projet tourné vers la création, la diffusion et les publics voit le jour. À l’été 1999, la nouvelle Base sous-marine ouvre avec une programmation pluridisciplinaire tournée vers la création (expositions photographiques, rendez-vous musicaux, productions immersives...). Aujourd’hui, l’ancienne Tour Bunker de la Base abrite un espace d’exposition atypique de 4 000 m2 résolument tourné vers l’art contemporain et la fabrique des images. Ce site a le désir de questionner l’art en train de se faire et de présenter un cycle de plusieurs expositions par an, dont un grand projet monographique. C’est actuellement le cas avec l’exposition consacrée à l’artiste et cinéaste français Clément Cogitore (15 octobre 2019 – 5 janvier 2020).

Culturespace à la Base sous-marine

En 2018, Culturespaces se voit confier par la ville de Bordeaux 4 alvéoles de la base sous-marine afin d’y créer un centre d’art numérique. Après avoir développé les Carrières de Lumières aux Baux-de-Provence et créé l’Atelier des Lumières à Paris, Culturespaces, souhaite y présenter chaque année 4 expositions numériques immersives consacrées à des artistes classiques modernes et contemporains ainsi qu’un festival d’art immersif. Pour cela, Culturespaces souhaite participer à l’attractivité de la Base sous-marine en y créant un centre d’art numérique au service du rayonnement culturel et technologique de la ville de Bordeaux.

Deux ans plus tard, après d’importants travaux réalisés par Culturespaces, les Bassins de Lumières ouvriront leurs portes au public avec 3 expositions inaugurales.

La Base 3 en 1 : un projet de la ville de Bordeaux

Située au coeur du quartier des Bassins à flots, la Base sous-marine s’oriente vers un projet culturel global à l’échelle d’un territoire : « la Base 3 en 1 » visant à terme l’exploitation des 41 000 m2 du bâtiment avec les Bassins de Lumières, la Tour Bunker et des activités nouvelles à définir dans le reste de la base.